Faites-vous partie de ces femmes qui craignent la survenue de leurs règles ? Mais ayant eu des enfants, vous ne pensez pas pouvoir souffrir d’endométriose. En êtes-vous persuadée ? Connaissez-vous si bien cette maladie gynécologique ? Et quels remèdes existent pour les femmes qui en souffrent ? Je vous explique tout.
L’endométriose : qu’est-ce que c’est ?
Définition de l’endométriose
L’endométriose est une maladie encore méconnue pour 50 % des Français d’après une enquête réalisée en 2020 en France (source : Endofrance). Et vous, savez-vous vraiment de quoi il s’agit ? Alors un petit rappel ne fera pas de mal.
Pendant les menstruations, pour une femme lamba, la muqueuse utérine s’écoule tranquillement. Mais en cas d’endométriose, certains fragments (appelés cellules de l’endomètre) décident de se nicher ailleurs. Eh oui, ils n’ont pas envie de sortir. Ils doivent être un brin frileux. C’est bien tout le problème. Car ces cellules migrent un peu partout. Adieu utérus et bonjour vessie, intestin, ovaires, rectum et j’en passe.
Vous voilà avec des morceaux d’endomètre éparpillés. Cela ne serait pas gênant s’ils ne créaient pas de lésion. Car le cœur de cette maladie se situe bien là. Vos organes ne sont pas ravis de voir apparaitre des intrus et donc ils réagissent avec une inflammation. Et ce petit jeu recommence à chaque cycle menstruel, et c’est un cycle infernal !. C’est pourquoi l’endométriose est qualifiée de maladie estrogèno-dépendante.
Comment attrape-t-on l’endométriose ?
Maintenant que vous connaissez cette maladie, vous vous demandez si vous pouvez l’attraper. Je vous rassure, vous ne vous réveillerez pas un matin avec cette maladie inflammatoire.
Mais nous la comprenons un peu mieux aujourd’hui. Ainsi, certains facteurs encouragent une endométriose :
- une anomalie du col utérin: décelable lors d’un frottis ;
- une prédisposition génétique: vous avez 6 fois plus de chance de souffrir d’endométriose si votre mère ou une de vos sœurs en sont atteintes ;
- des facteurs hormonaux: souffrir d’une dysthyroïdie augmenterai vos risques de développer une forme sévère d’endométriose (source : Role of thyroid dysimmunity and thyroid hormones in endometriosis)
- une réponse inflammatoire inadéquate du corps ;
- une infertilité: elle ne crée pas l’endométriose, mais cette maladie inflammatoire est souvent détectée lors d’une recherche de stérilité ;
- des règles courtes et abondantes: une ménorragie est généralement un des premiers signes de l’endométriose.
Comment la diagnostiquer ?
Si vous souffrez d’endométriose, il est impératif de consulter votre médecin généraliste et/ou votre gynécologue. Ainsi votre médecin ou gynécologue va commencer par vous prescrire une échographie abdomino-pelvienne, une IRM, un test salivaire ou bien un acte chirurgical appelé la « celioscopie ». Le but est de rechercher des traces de lésions créées par les cellules de l’endomètre. C’est donc le professionnel de santé qui va vous orienter vers telle ou telle méthode de diagnostic.
Échographie abdomino-pelvienne
Le premier examen prescrit est l’échographie. Avec elle, le radiologue va partir à la recherche de lésions dues à l’endométriose. Pour cela, il va utiliser une sonde à introduire dans le vagin. Cet examen totalement indolore va surtout chercher la présence d’éventuels kystes. Malheureusement, il ne peut ne pas déceler les autres lésions.
IRM (Imagerie par Raisonance Magnétique)
C’est pourquoi vous pourrez vous voir prescrire une imagerie par résonance magnétique. Ce second examen va cartographier toute la zone pelvienne. Ainsi kystes, nodules et lésions ne lui échapperont pas. Cette analyse complète donne un parfait état de l’avancée de l’endométriose chez les patientes.
Test salivaire
Voici l’avancée française la plus espérée de ces dernières années. Un simple test salivaire comme ceux utilisés pour déceler la covid-19. Rien de plus facile et de plus rapide. Avec lui terminé les 7 années d’errances médicales. Mais soyez patiente, car l’entreprise Ziwig attend le feu vert des autorités de santé. En attendant, sachez qu’il est destiné aux femmes de 18 à 43 ans. Mais le plus important : ce test salivaire affiche une précision diagnostique de 98,3 % (source : Bendifallah S. et al. J Clin Med 2022).
Celioscopie
Le chirurgien pratique la célioscopie en insérant un endoscope à travers une petite incision dans l‘abdomen. Il peut ensuite utiliser l‘endoscope pour examiner l‘intérieur de l’utérus et prendre des images à l‘aide d‘une caméra intégrée. Une fois les images prises, le chirurgien peut inspecter et manipuler le tissu à l‘intérieur de l‘abdomen pour diagnostiquer et évaluer l’importance des lésions éventuelles.
Certains chirurgiens pratiquent la célioscopie dans le plis du nombril afin de ne pas laisser de cicatrice (à peine 1 cm) sur le ventre de la patiente. Une fois guérie, la cicatrice est donc invisible, puisqu’elle est située dans le plis du nombril.
Les symptômes de l’endométriose
Les douleurs
C’est souvent elles qui attirent votre attention sur cette maladie génitale :
- une dysménorrhée (règles douloureuses) ;
- des douleurs pelviennes ;
- des douleurs pendant les rapports sexuels ;
- une dysurie (difficulté pour uriner) ;
- une hématurie (présence de sang dans les urines) ;
- une douleur lors de la défécation ;
- une fatigue chronique ;
- un intestin irritable ;
- une douleur dans le dos, les jambes voire les épaules ;
- …etc.
Je vous rassure, vous ne devrez normalement pas avoir tous ces symptômes. Mais une partie d’entre eux, plus ou moins importante suivant les femmes.
L’infertilité
Enfin une bonne nouvelle, endométriose ne signifie pas toujours infertilité. Même s’il faut le reconnaitre plus la maladie évolue plus votre taux de fécondité chute. La cause aux :
- troubles de l’ovulation,
- à la diminution du stock folliculaire,
- aux problèmes de la captation ovocytaire,
- ainsi qu’au souci d’inflammation du liquide péritonéal qui joue le rabat-joie entre les spermatozoïdes et l’ovocyte.
Oui, vous pouvez procréer naturellement et heureusement. C’est le cas de la majorité des femmes atteintes d’endométriose. De plus, chaque grossesse vous fait gagner une année entière de trêve voire de guérison. Une année sans lésions ni évolution de la maladie !
Malheureusement 25 à 40 % des patientes rencontrent des difficultés de fertilité. Deux possibilités :
a) la personne a des lésions légères (endométriose légère) et dans ce cas, si elle est traitée correctement ou si par chance elle tombe enceinte, elle aura une chance d’être traitée naturellement pendant la grossesse (les hormones de grossesse), ou bien,
b) la personne a des lésions importantes trompes bouchés,…dans ce cas, une simulation de l’ovulation, une fécondation in vitro ou encore une insémination artificielle peuvent l’aider à donner la vie et même, comme le cas précèdent, elle aura une chance supplémentaire d’être traitée naturellement pendant la grossesse.
L’évolution de l’endométriose
Malheureusement, ici nous parlons d’une maladie chronique auto-immune. L’endométriose évolue au fil du temps. Elle se développe durant toute la période de fertilité de la femme soit de vos premières règles à votre ménopause. À chaque cycle menstruel, quelques cellules vont se nicher sur certains de vos organes. Mais lesquels ? À cette question, personne ne peut répondre. Mais le corps médical s’applique à classer cette maladie selon 3 types :
- L’endométriose superficielle : elle représente 70 % des patientes. Bonne nouvelle. Car dans ce cas, vos cellules ne sont pas de grandes voyageuses et restent dans la membrane qui recouvre votre cavité abdominale (le péritoine). Par contre, cette forme d’endométriose est la plus difficile à déceler. Le diagnostic doit être effectué par un spécialiste de cette maladie. Heureusement depuis quelques années il existe des centres pluridisciplinaires spécialisés dans l’endométriose dans diverses villes de France.
- L’endométriose ovarienne: il s’agit de la présence de kyste aux ovaires appelé aussi endométriome. Ce ou ces kystes peuvent mesurer quelques millimètres jusque plusieurs centimètres. Ils sont présents dans 30 à 40 % des endométrioses profondes.
- L’endométriose profonde : la forme la plus redoutée. Celle où vos cellules prennent la poudre d’escampette et découvrent la splendeur du corps humain. Vous voici avec des lésions sur d’autres organes. Elles peuvent frapper la vessie (10 % des cas), l’intestin (20 à 25 %), l’uretères (3 %) et bien entendu les ovaires.
Attention tout de même, car vos douleurs ne dépendent pas du type d’endométriose dont vous souffrez. Ainsi, certaines femmes n’ont jamais de douleur tandis que d’autres souffrent le martyre avec une endométriose superficielle. Tout dépend de la localisation des lésions.
Les traitements de l’endométriose
5 traitements classiques
1. Les médicaments
Dans le traitement médicamenteux, votre médecin vous prescrira des anti-inflammatoires (l’inflammation étant responsable de la douleur) et des antalgiques. La maladie ne se soignant pas, ici le praticien recherche à calmer les douleurs.
2. Le traitement hormonal
Puis votre gynécologue vous proposera un traitement hormonal. En effet, la survenue de vos menstruations crée ces cellules d’endomètre qui à leur tour produisent des lésions sur vos organes et donc de l’inflammation. Sans parler des cellules déjà en place et qui réagissent au changement d’œstrogène en saignant (un peu normal après tout ils sont un morceau de votre endomètre). Donc stopper vos cycles menstruels stoppe le développement de la maladie. Ainsi, vous pourrez vous voir prescrire des pilules quotidiennes, ou piqures une fois par mois pendant environ 6 mois, selon le traitement.
3. La cure de ménopause artificielle
Je vous ai dit que l’endométriose s’estompe avec votre ménopause. Ici, le corps médical peut vous suggérer une ménopause artificielle grâce à des injections d’analogues de la GN-Rh. Mais attention, les effets secondaires sont courants et ce type d’approche est de moins en moins recommandé. Quand vous le propose-t-on ? Quand le traitement hormonal ne vous convient pas.
4. La chirurgie
Aucun des soins précédents ne fonctionne sur vous ? Alors, dans ce cas, vous entendrez parler de chirurgie. Le but : extraire les nodules et lésions endométriosiques tout en évitant d’abimer les organes. Le chirurgien espère de cette façon ralentir le développement de la maladie.
Seul un chirurgien spécialiste de l’endométriose pratique ce genre d’opération. Suivant votre âge et le niveau de sévérité de l’affection, il pourra vous proposer une ablation de votre utérus, stoppant ainsi l’endométriose. Si un conseil peut vous être donné, c’est de ne pas multiplier les opérations. Cela serait contre-productif.
5. Un nouveau traitement en étude
Le Pr Gil Dubernard mène une étude sur le traitement chirurgical mini invasif de l’endométriose rectale par les ultrasons focalisés de haute intensité (HIFU). Les ultrasons viennent détruire les nodules grâce à la chaleur, le rendant insensible. Pour le moment, 40 patientes testent cette chirurgie dans les différents centres pluridisciplinaires de Lyon, Angers, Lille, Bordeaux et Kremlin-Bicêtre.
Alimentation et hygiène de vie pour apaiser les douleurs de l’endométriose
1. Une alimentation saine et équilibrée
Vous pouvez aider votre corps à réduire les effets de l’endométriose (l’inflammation) grâce à votre alimentation.
Il est important de limiter les aliments riches en sucres raffinés, en graisses saturées et en sel, car ils peuvent contribuer à l‘inflammation. Vous devez éviter les aliments transformés, tels que les aliments en conserve, les produits à base de farine blanche et les aliments frits. Les aliments qui contiennent des produits laitiers peuvent également être irritants pour les personnes atteintes d‘endométriose. Il est également important de limiter la consommation d‘alcool et de cigarettes si vous souffrez d‘endométriose. Bref, tout ce qui accroît l’inflammation dans votre organisme.
Adoptez plutôt une nourriture équilibrée prônant les fruits et légumes, mais aussi les fibres.
2. Les tisanes
Depuis la nuit des temps, les femmes apaisent leurs petits désagréments génitaux grâce aux plantes. Parmi celles-ci, vous pouvez compter sur la sélection de plantes ci-dessous (vous pouvez 2 ou 3 sortes et alterner en prenant une sorte de tisane par jour) :
- Le framboisier: il tonifie l’utérus, possède des vertus reminéralisantes, nutritives. Cette plante aide à renforcer les tissus utérins et à réduire l‘inflammation et les douleurs causées par l‘endométriose. Une tisane de framboisier calme les douleurs de vos cycles menstruels et régule l’abondance de vos règles. 2, 3 tasses par jour sont idéales.
- L’achillée millefeuille est une plante connue pour ses propriétés anti–inflammatoires, antispasmodiques et analgésiques qui peuvent être bénéfiques pour soulager les douleurs liées à l’endométriose. Il est recommandé de boire jusqu‘à 2 tasses par jour.
- La camomille allemande: voici une plante anti-inflammatoire et antispasmodiques qui aident à soulager la douleur et à calmer l‘inflammation. Alors, pourquoi s’en priver ? Vous pouvez boire jusque 3 tasses quotidienne de cette tisane.
- Le thym : le thym, tonique puissant est connu pour ses propriétés antispasmodiques, anti–inflammatoires et antalgiques qui aident à soulager la douleur et à calmer l‘inflammation. Une cure d’1 semaine, 2 tasses par jour.
- Le tilleul : Cette plante est riche en antioxydants et en composés anti-inflammatoires qui aident à réduire les douleurs et l’inflammation associées à l’endométriose. Une cure d’1 semaine, 2 tasses par jour.
- Le fenouil : Le fenouil est riche en antioxydants et en composés anti–inflammatoires qui aident à réduire les douleurs et l’inflammation associées à l’endométriose.
3. Les compléments alimentaires
Parmi les compléments alimentaires, je vous propose :
- Les omégas 3 présent dans certains poissons et huiles végétales. Ils possèdent une action anti-inflammatoire.
- Les antioxydants: l’endométriose serait due à un stress oxydatif. Partant de ce constat, baisser ce stress oxydatif réduirait votre taux d’inflammation. Par conséquent une cure de vitamine C et E n’est pas pour vous déplaire.
4. Le sport
Pratiquer un sport vous permet de supporter la douleur due à l’endométriose. De plus, cela diminue l’effet de ventre gonflé. Alors, privilégiez une activité douce comme la marche quotidienne, le yoga, la gym Pilate ou même la méditation de manière régulière.
5. Les médecines douces
La HAS (Haute Autorité de Santé) précise dans un rapport en date du mois de décembre 2017 que les médecines douces comme l’acupuncture et l’ostéopathie peuvent réduire les douleurs et ainsi améliorer la qualité de vie des patientes.
6. La respiration
Il y’a différentes sortes de respirations qui aident à apaiser la douleur : comme ce qu’on appelle « la respiration en carré » . 5 sec de respire, 5sec rétention du souffle, 5 sec d’expire, et enfin 5 sec de rétention du souffle. Si vous n’y arrivez pas sur 5secondes essayez 4 ou même 3 secondes. A pratiquer plusieurs fois par jours pendant 3 à 5 mn. Il existe des applications qui donnent le rythme comme « Respirelax + » ou bien sur Youtube dont certaines sont accompagnées de musiques relaxantes.
En cas de douleur, la respiration en carré, du fait qu‘elle comprend des retentions de souffle, le cerveau se met en alerte et se déconnecte de la zone douloureuse pour s‘occuper du souffle. Cette pratique qui implique des retentions de souffle, peut aider le cerveau à se détourner de la zone douloureuse et à se concentrer sur la respiration. Cela aide donc à réduire la douleur et à offrir un moment de soulagement.
Et vous au bout de combien de temps le diagnostic est-il tombé ? Dites-le-moi dans les commentaires.